Apaiser le souvenir d'un trauma


Nous sommes nombreux à avoir vécu des expériences émotionnelles intenses et douloureuses au cours de notre vie. Ces expériences, nettes dans notre esprit ou au contraire floues voire absentes car refoulées, nous marquent profondément. Plus qu'on ne l'imagine. 

De quoi parlons-nous ici ?

Mais tout d'abord de quoi parle t-on concrètement ? de trauma. Le trauma est un choc émotionnel, un évènement que nous traversons : 

  • dans l'incompréhension totale : je ne comprends pas ce qui m'arrive, m'est arrivé
  • dans la solitude : je l'ai vécu seul(e), je me suis sentie seul(e)
  • dans une intensité émotionnelle et physique très forte : j'ai ressenti un effroi, une terreur, un désespoir, une profonde tristesse, etc. J'ai eu le souffle coupé, les jambes en coton, envie de vomir, mon corps s'est figé, etc. 

Le trauma peut-être unique (une agression, un accident, une annonce boulversante, etc.) ou multiple (harcèlement, violences répétées, etc.)

Que se passe t-il au niveau du cerveau quand cela nous arrive ?

Quand nous subissons un trauma, celui-ci se stocke dans une zone du cerveau. Parfois, le cerveau réussit à digérer le trauma, c'est-à-dire mouliner l'évènement dans une zone spécifique pour évacuer les émotions et sensations physiques associées et archiver le souvenir. Cela donne concrètement : "j'ai vécu ça, ça fait partie de mon histoire mais c'est ok pour moi aujourd'hui".

Dans 20% des cas, le cerveau n'arrive pas à mouliner l'évènement vécu. Dans ce cas (et peu importe l'âge et le temps qui s'écoule) l'évènement, les émotions et les sensations physiques associés restent comme "figés" en nous et vont être réactivés par des stimulis sensorielles familiers. Cela peut être, par exemple, une odeur de parfum ou de tabac, un bruit soudain comme un claquement de porte ou une sirène, la vue d’un lieu qui rappelle l’événement, ou même une date particulière de l’année. 

Qu'engendre un trauma ?

On ne parle pas assez des conséquences d'un trauma : le traumatisme ou ce qu'on appelle aussi le syndrome du stress post traumatique. Cela inclut toutes les conséquences négatives dans le quotidien qu'a engendré l'évènement. Cela peut être très flagrant : cauchemars, flash back, la personne ressent fortement un état avant/après. Mais cela peut-être beaucoup plus subtil : crise d'angoisse ou épisodes de dépression sans savoir d'où cela vient, croyances négatives sur soi ou les autres très ancrées, etc.

Souvent en séance, au fil de nos échanges, les personnes vont finir par mettre le doigt sur un ou plusieurs évènements et faire le lien avec ce vécu et ce qui les bloque aujourd'hui. Cette prise de conscience est le premier pas vers l'apaisement. 

Comment soulager ses blessures ?

En thérapie, il ne s'agit pas d'oublier ou d'effacer le trauma (impossible !) mais d'apaiser les conséquences négatives de celui-ci dans le quotidien des personnes. 

Très souvent, les personnes qui ont vécu un trauma n'ont pas pu le partager, être écoutée dans leur souffrance. Ce qui renforce la douleur du vécu car tout reste coincé à l'intérieur. Un premier pas est alors de vous laisser déposer votre trauma. Le raconter et ainsi revisiter l'évènement auprès d'un thérapeute complètement à l'écoute permet d'évacuer la charge émotionnelle, de mettre du sens dans ce qui est arrivé et de prendre conscience du statut de victime "J'ai subi ça. Ce n'est pas ma faute". 

Pour certaines personnes, cette approche verbale où l’on revisite l’événement avec de nouveaux repères suffit à apaiser. 

Pour d’autres, un accompagnement plus profond est nécessaire. Différentes approches thérapeutiques existent pour aider à « digérer » le trauma et permettre au cerveau d’archiver l’événement sans qu’il continue de se réactiver dans le présent. L'une des approches les plus efficaces et reconnus dans ce domaine est l'EMDR. Dans ma pratique, j'appelle cela la LCE. 

Qu'est-ce que la LCE (équivalent EMDR) ?

La LCE (Libération des Chocs Emotionnels) est une méthode thérapeutique qui aide à « digérer » les souvenirs traumatiques. C'est un protocole précis, puissant et qui nécessite une séance entière. 

Concrètement, ce protocole invite la personne à replonger dans son souvenir difficile. Cela va induire chez elle un ensemble de sensations physiques inconfortables que l'on va amener à apaiser grâce à une stimulation bilatérale du cerveau. Stimulation réalisée simplement par des gestes alternées, pratiquées par le thérapeute (je vais vous inviter à suivre mon doigt des yeux de gauche à droite, je vais claquer mes doigts au niveau de vos oreilles alternativement à gauche et à droite, je vais toucher vos genoux de la même manière).  

Ces stimulations sensorielles alternatives vont activer les deux hémisphères du cerveau et permettre de remédier à l'évènement traumatique à travers le corps et le retraiter.

Petit à petit, la charge émotionnelle liée au souvenir s’allège : le souvenir reste, mais il ne déclenche plus la même douleur, ni les mêmes réactions automatiques. Les résultats constatés en séance sont très puissants et les personnes ressentent très vite les effets de ce protocole. 

Quelles précautions pour une séance de LCE réussie ?

Plusieurs remarques concernant la LCE : 

  • On ne démarre jamais une thérapie par ce protocole. La personne accompagnée a besoin de se sentir totalement en confiance avec son thérapeute, de prendre le temps de revisiter son vécu pour que ce soit moins confrontant pour elle et d'acquérir une base de sécurité intérieure. Pour ce faire, plusieurs séances sont nécessaires avant d'organiser une séance LCE. Quand je sens la personne prête, on en discute ensemble, je lui explique tout le déroulé du protocole et on cale la fameuse séance. 
  • La LCE comporte certaines contre-indications que nous vérifions avec la personne : pas de dépression ou de grosses fragilités (on stabilise et sécurise d'abord), pas de grossesse en cours, pas de maladies oculaires, pas d'épilepsie et pas de troubles psychiatriques.
  • Les voies de la psyché étant souvent complexes, on ne sait pas à l'avance les effets qu'aura la LCE sur la personne. Cela fait l'objet d'un débrief spécifique à la séance suivante où la personne va exprimer comment elle se sent, ce qu'elle vit différemment, etc. 
  • La LCE n'est pas une méthode miracle visant à effacer ou vous guérir complètement de votre vécu douloureux. Elle fait partie d'un parcours thérapeutique complet et c'est l'ensemble de ce parcours qui permet d'alléger votre charge émotionnelle, de reprogrammer vos croyances et de vous apaiser progressivement de vos blessures. Elle est une étape importante de ce parcours mais ne se suffit pas à elle seule. 
  • Parfois plusieurs séances de LCE sont nécessaires pour bien traiter une scène traumatique.

En conclusion

Un trauma ne disparaît jamais totalement de notre histoire, mais il peut perdre son pouvoir de nuisance. Il est possible de transformer un souvenir douloureux en un vécu intégré, apaisé, qui ne dicte plus nos réactions ni nos relations. 

Dans mon approche, j’accompagne les personnes à revisiter leurs blessures avec douceur, à déposer ce qui pèse encore, et à retrouver de la sérénité dans leur quotidien. Si vous vous sentez bloqué(e) par un souvenir ou une douleur émotionnelle récurrente, je serai heureuse de vous accompagner sur ce chemin d'apaisement.


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Derniers articles

Apaiser le souvenir d'un trauma

Vous vous sentez atypique et sensible. Quelles sont vos challenges ?

La force intérieure de l'introverti

L'accompagnement holistique

L'enfant libre

Catégories

Création et référencement du site par Simplébo   |   Site partenaire de Institut Cassiopée

Connexion